Journal d’un chasseur #1: Les premiers pas de Michel Poitou [Bloodborne]

Bloodborne_PS4_images_20_11_04

Je m’appelle Michel Poitou. En tout cas, c’est le nom qu’on m’a donné, en je m’en accommode. Je suis un Chasseur, et je suis là pour nettoyer Yarnham.

 Cette illustration est une image promotionnelle de From Software. Le reste des images de cet article ont été capturées par mes soins. Vous pouvez cliquer dessus pour les voir en grand.

On ne peut pas vraiment dire que je sois un grand fan de la série des Souls. Dénué de PS3, je n’ai jamais pu touché à Demon’s Souls. Si Dark Souls m’a longtemps intrigué, je n’ai osé me lancer dans l’aventure que très, très, très tard. Et au final, si j’ai apprécié le temps passé sur ce jeu, j’ai fini par le lâcher une fois arrivé dans les égouts. Le level-design labyrinthique de cette zone et mon personnage qui se fait maudire, ça a quelque peu abîmé mon entrain. J’ai mis le jeu en pause quelques jours, et ces jours se sont vite transformés en mois, sans que je ne ressente à nouveau l’appel de l’aventure Souls-esque. Oui, mon manque de race est total.

Pourtant, Bloodborne m’attirait depuis sa sortie. Entre sa direction artistique si particulière (qui m’a bien plus charmé que celle de Dark Souls) et son gameplay plus vif et nerveux, il semblait apporter tous les ajustements qu’il fallait pour me séduire. Devenu heureux possesseur d’une PS4, je décide donc de me lancer dans l’aventure.

Cette ville a sombré dans la folie, les habitants se transformant en monstres suite à une mystérieuse épidémie. Si je ne peux sauver ces êtres autrefois humains, je peux les chasser, et peut-être libérer Yarnham. Je suis né dans le sang, et cette nuit, je vais le faire couler.

Pour vous, Michel Poitou fait la courbette. Allez, dites Bonjour au Monsieur !

Pour vous, Michel Poitou fait la courbette. Allez, dites Bonjour au Monsieur !

Je ne vais pas vous refaire le topo habituel, vous êtes sûrement déjà au courant des principaux changements entre Bloodborne et les Souls. Si c’est le cas, je vous autorise à lire ce paragraphe en diagonale. Pour les autres, je vais faire rapide (bon en fait pas trop mais chut). Premièrement, on dit adieu aux boucliers, notre main gauche est désormais équipée d’un pistolet ou d’un tromblon, mais vous pourrez toujours effectuer une contre-attaque léthale en « parant » au bon timing. Dans les faits, lorsqu’un ennemi lance une attaque sur vous, si vous réussissez à lui tirer dessus au dernier moment juste avant que son attaque ne vous touche, il titubera et vous pourrez lui asséner un coup provoquant un one-shot quasi-systématique. Si la prise de risque est certaine, la récompense rend cette action particulièrement gratifiante. La disparition du bouclier implique aussi un gameplay bien plus agressif: il est désormais impossible de rester planqué derrière son bouclier brandi, on est toujours à poil, vulnérable à la moindre attaque. Mais les mecs de From Software sont pas débiles, on pourrait même dire qu’ils savent ce qu’ils font. La preuve: pour compenser cette vulnérabilité, les esquives coûtent bien moins d’endurance que dans les Souls. Le gameplay se retrouve donc bien plus dynamisé, basé sur la mobilité, les esquives, les attaques rapides et les contre-attaques timées au poil de cul. Comparé à la lourdeur de Dark Souls, Bloodborne est pour moi un régal à prendre en main.

Yarnham est dans un état pitoyable, dévastée et mise à feu par ses propres habitants devenus monstres. Ils sentent ma présence, ma venue leur fait peur. Et chaque coup que je porte sur eux ne fait que confirmer la sagesse de leur crainte.

Venons-en maintenant à ce qui fait le sel des jeux From Software, ce qui a taillé leur réputation: la difficulté. Ayant malgré tout pas mal joué à Dark Souls, je ne me suis pas senti perdu, et Bloodborne répond aux mêmes règles: patience et observation sont la clé. D’ailleurs, il y a une zone en particulier au Centre de Yarnham qui sert véritablement d’apprentissage, et qui est une petite leçon de level design. Pour ceux qui connaissent le jeu, il s’agit de cette ruelle dans laquelle différents groupes d’ennemis patrouillent, et qui débouche sur un énorme bûcher. Le principe de cette zone est simple: vous apprendre comment passer, assez facilement, une situation qui peut sembler désespérée. Du premier coup d’oeil, cette zone parait complexe: elle comprend un grand nombre d’ennemis dans un espace assez ouvert, certains attendant le dernier moment pour sortir de leur cachette, tandis que d’autres, postés en hauteur, veillent au grain le fusil à l’épaule. Et si on s’y cassera les dents à plusieurs reprises, plus nos tentatives se multiplieront, plus on apprendra et plus on comprendra.
On apprend à utiliser le backstab (frappe dans le dos garantissant un instant-kill), avec des ennemis placés de dos qui n’attendent que ça. On apprend à gérer la prise d’aggro des ennemis, en les attirant grâce aux galets qu’on peut leur jeter dessus, ou simplement en les forçant à venir vers nous en étant un peu trop bruyant. On apprend à réagir aux pièges avec des ennemis qui sortent de nulle part tel un chien de Resident Evil. On apprend à utiliser notre environnement pour se cacher, voire même se protéger. On apprend, petit à petit, que les ennemis pris un par un ne présentent pas un grand danger. Et au final, à force de jouer des esquives, des contres, de la prise d’aggro, du focus des cibles prioritaires, on finit par passer cette zone de manière fluide et maîtrisée. Et on est prêts à affronter la suite, car en une seule petite zone, les messieurs de From Software nous ont appris comment jouer à Bloodborne.

Le premier test d'envergure pour Michel Poitou

Le premier test d’envergure pour Michel Poitou

Je n’ai pas peur d’eux. Je n’ai pas le droit d’avoir peur. Tout dans cette ville ferait paniquer le premier venu. Mais je suis un Chasseur. Je suis Michel Poitou. Plus ça va, plus je trouve ce nom ridicule. Mais ce n’est pas ce qui brisera ma détermination. Je dois garder la  tête froide et rester sur mes gardes. Rien n’est insurmontable. Tel est mon dessein.

Le reste de la progression ne posera plus vraiment de problèmes majeurs, Bloodborne étant une merveille d’équilibrage. Aucun ennemi ne vous one-shotera; au pire, les plus énervés vous ôteront la moitié de votre barre de vie, mais seulement à l’issue d’une attaque dont l’animation vous laisse largement le temps d’esquiver. Vous ne serez jamais confrontés à de vulgaires sacs à PV; si vous ne faites pas assez de dégâts à un ennemi, variez le type de dégâts, certains ennemis étant par exemple particulièrement sensibles aux coups d’estoc. Si vous vous faites encercler par de trop nombreux ennemis, vous avez raté votre approche. Bref: si vous mourez dans Bloodborne, c’est quasiment toujours votre faute. Et cet échec vous permet de changer d’approche, d’appréhender la situation différemment, avec patience et rigueur, pour au final vous rendre compte que « bah, il est facile ce jeu en fait ! ».

J’aime pas les artichauts. En plus, je vois pas l’intérêt du truc, à la fin t’en as plus dans ton assiette que quand t’as commencé. Alors que le coq au vin, la carcasse, tu la laisses dans le plat et après c’est bon, tu manges et tu kiffes. Oh, tiens, un loup-garou qui m’attaque. Hop ! Voilà, easy peasy lemon squeezy. Balèze, le Michel Poitou.

Pour l’instant, Bloodborne est un vrai plaisir. Exigeant sans être punitif ou frustrant, on avance tout de même à tâtons, sous pression, rendant les réussites particulièrement savoureuses. La progression du jeu est parfaitement maîtrisée, et offre un challenge certain qui est pourtant loin d’être insurmontable. Et si je sens que la difficulté commence à devenir un peu plus retorse, j’en suis content: c’est l’occasion de montrer à ces engeances ce que Michel Poitou a appris.

Tout bien réfléchi, je pense que Michel Poitou est un nom de merde. Mais bon, j’ai croisé un chevalier super badass et il s’appellait Alfred. Du coup je relativise.

Salut Michel, et à bientôt !

Salut Michel, et à bientôt !

10 réponses à “Journal d’un chasseur #1: Les premiers pas de Michel Poitou [Bloodborne]

  1. J’ai arrêté d’y jouer après avoir perdu 30 fois contre la boss Amélia. C’est con je trouve la DA géniale et le jeu très bon mais au bout d’un moment mourir à la chaîne ça devient rébarbatif.

    Bon et je suis nul aussi donc ça ne doit pas aider.

    Longue vie à Michel Poitou !

    J’aime

  2. Bonjoir cher Michel, ta quête est bien flatteuse et j’aimerais bien moi aussi me lancer dans l’aventure une fois changé de monture. Longue vie à Michel Poitou.

    J’aime

  3. Excellent bilan, Bloodborne ne frustre en effet pas assez pour être repoussant. On meurt, meurt encore, meurt toujours, et puis finalement on se rend compte que l’erreur vient d’un manque d’observation de notre part ou d’une trop grande précipitation dans les coups donnés, al faute au gameplay nerveux.

    Bel article, vraiment (en particulier les citations) 🙂

    Aimé par 1 personne

  4. Pingback: TFGA #15: L’article original où je fais le bilan de 2015 | Chouquette Annexe - Dehell·

  5. Pingback: Les systèmes d’XP, pour le meilleur et pour le pire | Chouquette Annexe - Dehell·

Laisser un commentaire